Terrorisme-colonisation en Syrie, par Luís Garcia
D’où vient Daesh ?
Je viens de terminer un article de désespoir médiatique par omission. Cette même omission, énorme et scandaleuse, est le thème de cet article : le terrorisme-colonisation en Syrie par l’Empire de la Guerre (aka les Etats-Unis d’Amérique [EUA]). Ce plan de balkanisation de le Syrie a commencé à être mis en œuvre de manière définitive en juin 2014, lors de l’apparition de 30.000 mercenaires en Syrie, venus d’Iraq par le désert qui sépare les 2 pays, armés d’équipement états-unien neuf et moderne, volé en une demi-douzaine de jours aux nouvelles troupes de l’armée régulière iraquienne du nord de l’Iraq qui venait de recevoir ces nouveaux équipements et avait été lâchée subitement par les troupes américaines quelques jours auparavant. Le plan était simple et a fonctionné à la perfection. Les EUA, après avoir transformé les policiers et militaires iraquiens renvoyés au temps de W. Bush en mercenaires de guerre, ces mercenaires sont désormais, au temps d’Obama (2014), intégrés dans une nouvelle organisation terroriste étatsunienne: Daesh. De l’entraînement oui, livraison massive et effrontée d’équipement moderne étatsunien non. Alors, pour maquiller cette effronterie, les EUA armèrent massivement et de étrangement les troupes régulières de l’armée iraquienne, et les abandonnèrent de manière tout aussi étrange dans le nord du pays. Résultat: en quelques jours l’armée iraquienne perdit presque toute la région nord au profit du nouveau-né Daesh, presque sans résistance, ce qui a permis à Daesh d’acquérir un équipement moderne capable de soutenir une armée moderne. A partir de cet évènement, ce qui avait l’air bizarre devint logique.
Si les EUA avaient eu la moindre intention d’arrêter le course à l’armement de Daesh et par conséquent, l’établissement d’une puissante armée terroriste, et vu qu’il se trouvait encore des dizaines de milliers de militaires états-uniens au sud de l’Iraq, Obama aurait pu autoriser la destruction de l’armée de Daesh dans sa phase embryonnaire. Si Obama avait voulu éviter la fuite de 30.000 membres de Daesh pour la Syrie, il aurait pu avoir autorisé l’évidente destruction de Daesh, pendant les 2 ou 3 jours qu’ils passèrent à traverser le désert syro-iraquien, période pendant laquelle cette armée terroriste se trouvait être une cible ridiculement facile pour un bombardement aérien massif qui aurait traité le mal à la racine sans mettre en danger la vie de civils innocents. Mais non, Obama est resté là sifflotant à regarder la caravane passer. Les EUA disposaient de tous les moyens pour le faire et avaient l’obligation morale de le faire, puisque ce fût par la faute de leur erreur absurde d’organisation qu’ils permirent à Daesh de s’armer et de partir armés pour la Syrie. Le fait que les EUA n’aient pas réagit prouve quelque chose très simple à comprendre: les EUA souhaitaient l’invasion de la Syrie par Daesh, et par conséquent, les évènements du nord de l’Iraq qui ont mené à la création de l’armée de Daesh n’auraient finalement pas été une erreur d’organisation étatsunienne, mais au contraire, un succès de l’organisation étatsunienne.
Plan A et Plan B
Ce succès dans la création et l’armement indirect de Daech pourrait devenir important en ce qui concerne les ambitions coloniales des EUA en Syrie, au cas où l’agression étatsunienne déguisée en guerre civile n’atteindrait pas son objectif fondamental, la destruction de l’Etat laïque d’al-Assad. Comme on le sait, c’est vraiment ce qui s’est passé, les EUA et leurs alliés occidentaux n’ont pas réussi et ne réussiront jamais à abattre l’Etat syrien, cela dû en grande partie aux soutiens essentiels du Hezbollah, de l’Iran et de la Russie.
Donc, l’occupation de la moitié de la Syrie par Daech aura quand-même été valable pour les EUA, puisque c’est seulement avec cette occupation que la 2e phase de l’agression de la Syrie a eu lieu, phase qui plus tard sera qualifiée de «Plan B» par John Kerry lui-même (en 2016). C’est que les EUA sont gouvernés par des gens très professionnels dans l’art de la barbarie, de la souffrance et de la mort, mais extrêmement mauvais dans l’art de bien s’exprimer. Quand on parle d’un plan B, cela sous-entend l’existence d’un plan A, non? Si les EUA avaient un plan A, alors ils avaient alors au moins un «plan» antérieur pour la Syrie, n’est-ce pas? Mais oui, et le plan c’était de détruire le gouvernement légitime de Syrie. Si le plan venait des EUA et s’appelait plan A, ce plan ne pouvait donc venir d’aucune opposition civile syrienne, comme on a toujours voulu nous faire croire! D’ailleurs il suffit de voir de quelle manière bien armée et militarisée ont commencé les manifestations «civiles» et «pacifiques» en 2011 à Daraa pour comprendre où et comment a commencé le plan A. Ce plan a commencé dans une mosquée de Daraa contrôlée par les Frères Musulmans anglo-saoudiens, à quelques kilomètres de la frontière avec la Jordanie, où de l’armement étranger a été stocké pendant les semaines qui ont suivi la signature de l’accord de construction d’un gazoduc en Syrie en partenariat avec l’Iran, en début 2011, gazoduc qui devait apporter du gaz iranien jusqu’au marché de l’Union Européenne. Les EUA mettaient la pression au gouvernement syrien depuis 2001 pour accepter leur projet, en partenariat avec l’Arabie Saoudite, qui devait apporter du gaz Qatari au marché européen. Comme Al-Assad s’est mal conduit, vraiment mal, après les armes qui emplissaient la mosquée jusqu’au toit sont arrivés les mercenaires étrangers qui, sur nos chaînes de télévision abrutissantes, seront dépeints de «civils syriens protestant».
A part la misère et la mort répandue sur des millions de gens, on sait que le Plan A étatsuniens n’a rien donné, ils n’ont pas atteint l’objectif final, bien que les organisations «rebelles» terroristes du Plan A se trouvent encore en Syrie, organisations comme l’Armée de Libération Syrienne, Al-Qaïda/Al-Nousra et une immense liste de celles-ci que j’ai déjà cité tant de fois dans ce blog. Le fait qu’ils ne soient parvenus à rien ne signifie pourtant pas qu’ils aient perdu toute utilité pour les EUA. Non, bien au contraire. Mais nous y viendrons.
Pour en revenir au Plan B, ne laissons pas flotter l’idée que celui-ci fût imaginé par l’Etat Islamique (Daesh), au sens du terme «Etat». Non. Le Plan B de John Kerry, comme il l’a affirmé lui-même, est de créer un Etat kurde dans les zones riches en pétrole et en gaz de Syrie et pauvres en pourcentage de population kurde. Oui, un Kurdistan syrien dans un pays avec peu de kurdes, dans une région de ce pays où les kurdes sont ridiculement minoritaires. Etrange? Bah, ça s’appelle de l’ingénierie étatique, c’est un art qui sert à inventer des pays comme le Koweït, Brunei, le Soudan du Sud, le Kosovo, et tant d’autres! Et pour en finir avec ce sujet de minorités kurdes, j’aimerais rappeler au lecteur que non seulement les kurdes syriens sont minoritaires aussi bien dans la Syrie entière que dans cette zone spécifique du nord-Est de la Syrie, mais en plus l’écrasante majorité des kurdes syriens est issue de la persécution des kurdes en Turquie experte en nettoyages ethniques. Et ces kurdes ont eu la chance de vivre à côté de l’Etat syrien multi-ethnique et multiconfessionnel, avec une longue tradition d’accueil et d’assimilation de persécutés et de réfugiés. En accord avec cette magnifique tradition ancestrale syrienne, au XXIe siècle et par décision d’Al-Assad, cette population kurde réfugiée en Syrie a obtenu la pleine nationalité syrienne. Donc, même si, en conséquence de cette politique d’accueil et de nationalisation de réfugiés, la Syrie s’était retrouvée avec une région habitée majoritairement par des kurdes (ce qui n’est pas le cas), il n’y aurait pas d’argument possible qui justifie la création d’un Etat kurde indépendant en territoire syrien. Faites-le en Turquie où en vivent plus de 15 millions, ou au nord de l’Iraq. Mais en Syrie, sérieusement?
Stratégie d’exécution du Plan
- a) Daesh conquit des terres à la Syrie ;
- b) On médiatise le caractère diabolique de Daesh ;
- c) Une certaine entité conquit des terres à Daesh ;
- d) La Syrie ne tente pas de récupérer ces terres à cette entité puisqu’elle doit combattre les «rebelles» terroristes d’un côté et Daesh de l’autre.
- e) Cette entité se déclare tôt ou tard indépendante, se maintenant sous occupation militaire étatsunienne, et voilà, un Etat vassal des Etats-Unis.
Tous ces points parce que le plan A, la guerre par procuration (proxy war), c’est-à-dire, guerre d’agression des Etats-Unis et leurs alliés contre la Syrie, déguisée en guerre civile, a échoué. Et aussi parce que pour autant que la machine de propagande des EUA et de leurs alliés nous vende des images de «rebelles» terroristes gentils, ils ne peuvent obtenir le soutien des populations étatsuniennes et européennes pour encore une guerre conventionnelle de conquête et de subjugation d’un Etat, dans ce cas la Syrie. Au contraire, la lutte contre l’incarnation finale du mal sur la terre pourrait, avec beaucoup d’habileté et d’effets spéciaux conduire ces mêmes populations à accepter ou du moins à fermer les yeux sur une intervention militaire directe en Syrie qui aurait pour objectif final la destruction de cette incarnation du mal.
Bien-sûr que, avant de ce faire, il faudrait médiatiser et bien, les faits grotesques de Daesh, l’incarnation du mal choisie à cet effet. D’où toute la pornographie programmée des journalistes et otages occidentaux vêtus d’orange se faisant brûler vifs ou décapités par des membres de Daesh. Pour ceux qui essaient de trouver l’information qu’ils cherchent, en opposition à ceux qui acceptent de manière irréfléchie ce qu’ils pensent être de l’information produite par les médias globaux, l’existence d’un plan objectif des EUA derrière toute cette pornographie sanglante est évidente. Pourquoi ? Parce que les images et les vidéos de torture et d’exécutions de civils syriens et soldats syriens par Daesh et aussi par les «rebelles» terroristes ne manquent pas en ligne. En une recherche sur youtube, on peut trouver, par exemple, des vidéos de corps de soldats syriens vivants se faisant couper ou démembrer ; ou décapiter ; ou exécutés par dizaines ou par centaines en une seule fois. L’horreur Daeshienne ne manque donc pas. Autour de 2015, la médiatisation les bleus de travail oranges hollywoodiens, certains possiblement mis-en scène, démontrait la nécessité de l’Empire de la Guerre de diaboliser le plus possible Daesh avant de pouvoir déclarer la guerre sainte contre Daesh, c’est-à dire, la colonisation du territoire syrien occupé par Daesh.
En parallèle de cette diabolisation médiatisée de Daesh, on implantait définitivement les Forces Démocratiques Syriennes, les croisés du XXIe siècle chargés de «détruire Daesh», soi-disant.
Forces Démocratiques Syriennes
Qui sont les FDS? – Qui sont les Forces Démocratiques Syriennes, ou plutôt qui ne sont-elles pas? Les Forces démocratiques Syriennes ne sont ni démocratiques ni syriennes. Au contraire c’est un assemblage d’organisations armées sans organisation politique, et donc, sans aucune relation avec le concept de «démocratie», elles ne peuvent simplement pas être démocratiques. En plus, cet assemblage n’a rien de syrien! Un mélange illégalement organisé et mis en place par les EUA, Etat agresseur, comprenant les Etats-Unis, l’OTAN, les Peshmergas (kurdes iraquiens soumis à Israël), kurdes turques (PKK), et kurdes turques naturalisés syriens (YPG), désolé mais ce n’est une organisation syrienne sous aucune forme. Je ne doute pas des bonnes intentions d’une bonne partie des membres du PKK et du YPG quant à la volonté de libérer la Syrie de la terreur occidentale mais, cependant, on sait bien que d’autre part, surtout dans des positions hiérarchiques supérieures, certains d’entre eux ont été achetés par les EUA en l’échange de la promesse d’un futur Etat kurde sur des terres volées a la Syrie. C’est une question délicate et il est vrai que des informations contradictoires sortent constamment. Si au début du conflit le PKK et YPG combattaient sans aucun doute aux côtés du gouvernement d’Al-Assad, aujourd’hui il est certain qu’au moins une partie de ces kurdes syro-turques, avec ces voleurs de peshmergas, l’OTAN et les étatsuniens, sont fermement engagés dans la création de ce Kurdistan.
Quand sont apparus les SDF – Bien que je ne puisse pas citer de noms ici, je sais de source sure que depuis au moins 2013 des troupes de l’OTAN de plusieurs pays (au moins de Pologne, France et EUA) se trouvaient déjà secrètement au nord de la Syrie, à l’époque de la grande offensive de Daesh venu du nord de l’Iraq sur la Syrie. Ce qui prouve encore une fois le lien indirect entre Daesh et l’EUA puisque ceux-ci préparaient déjà secrètement les SDF qui seraient plus tard le vaccin contre le mal (Daesh) qui ne s’était pas encore propagé sur sa victime (la Syrie).
Drapeau des FDS
Le drapeau- Je sais bien que la ligne bleue qui traverse la carte de la Syrie en diagonale représente le fleuve Euphrate, oui. Mais elle représente quelque chose de plus. Elle représentait, quand elle a été créée, le territoire que les EUA projetaient de voler à la Syrie et elle représente aujourd’hui rigoureusement presque tout le territoire effectivement volé, ou occupé, ou colonisé, comme vous voulez. Ceux qui en doutent peuvent regarder l’image ci-dessous :
Function des FDS d’une perspective étatsunienne – Remplir 2 des points de la liste au-dessus, le c) à moyen-terme et le e) à long-terme.
- c) une entité conquit les terres de Daesh ;
- e) cette entité se déclare, tôt ou tard, indépendante, se maintenant sous occupation militaire des EUA, ce qui en fait un Etat vassal des EUA.
Précisément pour vouloir remplir les 2 points ci-dessus, les SDF possèdent 2 caractéristiques bien particulières. La première est un mystère (ou pas). C’est un mystère qui, quand ça leur prend, et après avoir passé des mois de voisinage en joyeuse communion avec Daesh, les SDF ont réussi à conquérir des terres à Daesh à un rythme qui porte à croire qu’ils combattent des fantômes dans un désert. Ils effectuent parfois des dizaines de kilomètres en 1 seul jour, peu ou pas de pertes, destruction minimum. Puis tout retourne à un calme prolongé. Un adepte des théories du complot, haha, serait capable d’affirmer que Daesh recule sous les ordres de quelqu’un, vous ne trouvez pas?
La deuxième caractéristique particulière n’est en rien un mystère et elle est bien documentée. Aussi étrange que cela puisse paraitre à ceux qui ne sont pas familiers du sujet, les FDS n’ont pas pour objectif de détruire Daesh au contraire de ce que croit ce pauvre abruti de Trump. Non, les FDS ont pour seul objectif de créer un Etat kurde sur un territoire prédéfini par les Etats-Unis. Le territoire syrien occupé par Daesh en Syrie en dehors de cette zone prédéfinie, même lorsqu’il fait frontière avec le future Etat kurde des FDS, ne semble poser aucun problème pour les FDS. Attitude bien particulière pour une organisation qui, selon les médias occidentaux, est à l’avant-garde de la lutte du «monde libre» contre le «terrorisme islamique», ahahah ! Laissez-moi rire !
Complicité entre «rebelles» et Daesh
Le Plan B de création d’un Etat kurde grâce aux FDS n’aurait jamais été possible sans l’existence de Daesh. Mais il y a plus à analyser. Voyons maintenant le point d) La Syrie ne tente pas de récupérer ces terres à cette entité puisqu’elle doit combattre les «rebelles» terroristes d’un côté et Daesh de l’autre. La Syrie n’a pas les moyens physiques, ni logistiques ni humains pour faire face aux avancées et aux ambitions des FDS sans s’être auparavant débarrassée des «rebelles» terroristes et de Daesh. Donc, le séjour prolongé de ces derniers est un problème pour l’armée syrienne, fait évident qui ne requière pas de grande analyse. Une analyse plus intéressante à faire, à mon avis, serait celle de l’interaction/complicité entre les rebelles terroristes et Daesh, et les conséquences positives qu’elles ont pour les ambitions des FDS, c’est-à dire des États-Unis en Syrie.
On pourrait parler des innombrables cas de mercenaires étrangers qui ont changé d’employeur à maintes reprises, d’un côté à l’autre, entre «forces rebelles», toutes les variations d’Al-Qaïda et de Daesh, mais ça n’en vaut pas la peine, puisque ce sont des faits bien documentés, il suffit de chercher en ligne ces faits facilement accessibles. Je prends tout-de-même un exemple:
Ce qui m’intéresse pour cet article, c’est d’analyser les réactions et, à ce sujet, deux types de réaction sautent aux yeux après une analyse de l’évolution de la carte du conflit syrien sur un long intervalle de temps. D’abord, il existe plusieurs zones frontalières entre les «rebelles» terroristes et Daesh qui se maintiennent stables sur la durée et où rien ne se passe. Ensuite, les attaques/conquêtes de l’armée syrienne contre l’un de ces groupes («rebelles» terroristes ou Daesh) sont le plus souvent suivies d’attaques presque synchronisées de l’autre groupe sur l’armée syrienne. Sachant que la couverture syrienne n’est pas sans fin et qu’elle ne peut recouvrir toutes les parties du corps en même temps, l’une de ces parties va inévitablement avoir froid, non?
Vous voulez des exemples graphiques de voisinage et cohabitation pacifique entre les «rebelles» et Daesh au fil du temps ? Voyez les cartes ci-dessous :
Banlieue de Damas
Sud de la Syrie
Centre de la Syrie
Nord-est de la Syrie
Et maintenant, vous voulez des exemples de la simultanéité entre «rebelles» et Daesh dans l’agression à l’Etat syrien? Voici 2 exemples parfaits et récents, dont l’un d’eux est bien connu. Je commence par le bien connu. Devant la grande offensive syrienne contre les «rebelles» terroristes à Alep-est en décembre dernier, qui a obligé les syriens à mobiliser une grande partie de leur armée au nord du pays, Daesh en a profité pour reconquérir Palmyre au centre du pays. A l’inverse, la semaine dernière, devant l’avancée rapide de l’armée syrienne contre Daesh dans la province d’Alep, en direction de la ville de Raqqa, les «rebelles» terroristes ont réalisé une grande quantité d’attaques et d’attentats terroristes dans les zones de Damas et de Hama, qui ont donné lieu à l’arrêt des attaques de l’armée syrienne contre Daesh pendant 2 jours. Cependant les syriens ont repris le rythme qui leur permet de conquérir plusieurs villages par jour dans la zone de l’autoroute Alep-Raqqa.
La création de l’«Etat Plan B» et la destruction de la Syrie
Analysons enfin et concrètement le point e) cette entité se déclare, tôt ou tard, indépendante, se maintenant sous occupation militaire des EUA, ce qui en fait un Etat vassal des EUA.
Déjà, à part la ville de Raqqa et le triangle presque totalement désert à côté de la frontière iraquienne, le mélange FDS (inventé par les EUA pour servir de force motrice à la création d’encore un Etat vassal de l’Empire) contrôle déjà presque la totalité du territoire prévu pour le futur état kurdo-gringo au nord-est de la Syrie. Voyez la carte ci-dessous, dans laquelle FDS apparaît en jaune, et comparez-la avec le drapeau des FDS au-dessus :
Ensuite, à en juger par la carte blanche de Trump à son armée pour faire ce qu’elle veut en Syrie sans sa supervision présidentielle, tout est prêt pour que les EUA essaient au moins la colonisation définitive du nord-Est de la Syrie. Je sais que cela ne passe pas dans ce pays en bord de mer et en mort cérébrale qu’est le Portugal*, mais ce sont des faits vérifiés, y compris annoncés par le Pentagone que, ces 3 dernières semaines, 5000 troupes américaines sont arrivées dans la zone contrôlées par les FDS ainsi qu’un escadron de bombardiers B-52. Objectif officiel : conquérir la grande ville de Raqqa à Daesh qui, selon les mots du ministre des Affaires étrangères de l’Etat terroriste français, Jean-Marc Ayrault, une fois conquise, ne sera pas rendue à son propriétaire légitime, la Syrie.
*L’auteur est portugais
Et pire, en mettant la charrue avant les bœufs, la toute nouvelle proclamée Administration Autonome du Nord de la Syrie, c’est-à dire le FDS sans armes, a averti il y a 3 jours qu’elle ouvrirait dès que possible des représentations diplomatiques…devinez où… aux EUA et au Royaume-Uni, bien-sûr!
Mais rembobinons un peu les évènements et voyons comment le jeu d’échecs du Terrorisme-colonisation de la Syrie a été joué par les EUA, et quels ont été les derniers coups bas les plus importants des EUA en route vers leur nouvelle création impérialiste. Pour ce faire, il faut, en premier lieu, analyser sur la carte ci-dessous ce que j’appelle «la route de Daesh» ou, si vous préférez, le système sanguin de Daesh sans lequel celui-ci n’aurait jamais pu bénéficier d’une existence si prolongée :
La «route de Daesh» suit le parcours de l’Euphrate et s’étend depuis le frontière iraquienne jusqu’à la frontière avec la Turquie, ce qui a longtemps permis le mouvement de mercenaires de Daesh entre la Turquie, la Syrie et l’Iraq, tout comme l’entrée en territoire syrien d’équipement militaire de l’Otan pour Daesh transitant par la Turquie et dans le sens inverse, le pillage par Daesh du pétrole syrien transporté en camions citernes jusqu’à la ville turque d’Adana. Bien qu’il contrôle encore la quasi-totalité de cette route, Daesh a perdu le 3 septembre 2016 la connexion par terre à la Turquie (voire ici) et, plus important, il a perdu la connexion au territoire syrien occupé par l’Etat terroriste turc il y a un mois, le 26 février (voire ici). Ce changement donne lieu à la fin de l’approvisionnement en armes par terre, mais il continue par air, comme le montrent les nombreuses informations documentées de livraisons étatsuniennes par parachutes, informations qui persistent à ne pas apparaître dans nos médias en langue portugaise (et française).
Un autre motif stratégique de cette «route de Daesh» est de coïncider avec la localisation d’une bonne partie des réserves énergétiques syriennes, ce qui a permis de soutenir économiquement Daesh pendant tout ce temps.
Les syriens ne se sont jamais approchés de la « route de Daesh » durant ces 2 dernières années, pour des raisons évidentes. La Syrie est un petit Etat aux ressources limitées, combattant simultanément plusieurs agressions et invasions venues d’Israël, de la Turquie, des «rebelles» terroristes sponsorisés par l’occident, de l’OTAN, des FDS (comme vous préférez), il y a longtemps qu’ils auraient pu étrangler Daesh en coupant leur route en un ou plusieurs point vitaux. Si ils l’avaient fait, il y a longtemps que Daesh aurait arrêté de pouvoir faire circuler des armes, antiquités volées, pétrole et argent, et sans rien de tout ça, il n’aurait pas résisté aux avancées de l’armée syrienne par le sud.
Mais voilà, précisément pour empêcher le gouvernement syrien de reconquérir son propre territoire à Daesh, ayant pour conséquence la libération de moyens et d’hommes sur d’autres fronts plus anciens contre les «rebelles» terroristes, et peut-être de nouveaux fronts contre les FDS, les EUA n’attaqueront jamais Daesh au sud de l’Euphrate, à cette frontière naturelle choisie par les EUA pour désigner le futur « Kurdistan-gringo » de la Syrie. Au contraire, comme vous vous le rappelez peut-être, les EUA ont attaqué pendant 3 heures sans arrêter l’enclave militaire syrienne de Deir Ezzor, la seule partie de la «route de Daesh» contrôlée par l’Etat syrien. Malgré les innombrables avertissements de la Russie, et malgré qu’il soit connu que Deir Ezzor est contrôlée par les syriens depuis longtemps, bien que les EUA aient les meilleurs satellites de cartographie du monde, les EUA ont détruit une partie des tanks et des avions syriens stationnés là et ont tués plus de 100 soldats syriens. Résultat: Daesh a reconquit une partie de Deir Ezzor aux syriens encore une preuve indirecte des liens entre les EUA et Daesh. Autre résultat: avec l’affaiblissement des syriens à Deir Ezzor, Daesh a pu descendre jusqu’à Palmyre et conquérir à nouveau cette ville historique où ils en ont profité pour démolir ce qu’ils n’avaient pas eu le temps la première fois. Merci les EUA !
Vu l’infini pouvoir militaire des EUA se trouvant là juste à côté, au nord du fleuve, dans la zone des FDS, s’il y avait vraiment volonté des EUA d’étouffer Daesh, ils auraient facilement pu le faire en peu de jours, sans aucun besoin de tuer de civils vu que la route est déserte en grande partie. S’ils ne l’ont pas fait, j’insiste, c’est parce que le sud de l’Euphrate ne fait pas partie du projet de «Kurdistan-gringo», et parce que plus de syriens meurent, mieux c’est (pour les EUA, bien-sûr).
Les plus observateurs doivent avoir remarqué que sur la carte se trouve une zone jaune (EUA/kurdes/OTAN) au sud de l’Euphrate, mais, non, il n’y a là aucune contradiction de ma part, bien au contraire. Cette partie jaune au Sud de l’Euphrate a été conquise la semaine dernière, en un seul jour, ce qui prouve que j’ai raison quand je dis qu’il est extrêmement facile pour les EUA d’étouffer Daesh s’ils le veulent et, très important, ça n’est pas l’exemple d’un étouffement de Daesh, ni de l’expansion des FDS au sud de l’Euphrate. C’est une troisième explication machiavéliquement simple. Mais avant l’explication, il faut comparer ces 2 cartes :
L’armée syrienne a reconquit beaucoup de territoire à Daesh depuis le début de l’année, à un rythme de plusieurs kilomètres et plusieurs villages par jour. En continuant à ce rythme, en quelques semaines l’armée syrienne arrivera aux portes de Raqqa. C’est pour cette raison que la machine de guerre des EUA a activé la semaine dernière des attaques contre des syriens à Damas et Hama, de manière à freiner, comme je l’ai dit au-dessus, cette rapide avancée syrienne contre Daesh. Et c’est ici qu’arrive l’explication de la traversée de l’Euphrate par les FDS/OTAN/EUA : les EUA ont décidé de saboter l’avancée syrienne contre Daesh. Simple. Vous en voulez des preuves ? En voici, plusieurs, ordonnées chronologiquement et précédées par des cartes illustratrices:
Le 22 de ce mois, il y a une semaine, et avec une grande facilité, les EUA et compagnie sont passés au sud de l’Euphrate et ont conquis un morceau de route Alep-Raqqa, avec pour résultat stratégique de couper l’accès à Raqqa aux syriens venant d’Alep, précisément la route sur laquelle ils avaient avancé rapidement ces dernières semaines.
Le lendemain, 23 mars, les EUA ont bombardé et détruit un pont au sud de Maskanah (point bleu), ce qui a eu pour résultat pratique le sabotage de la route d’avancée de l’armée syrienne qui aujourd’hui, 28 mars, est arrivée à ce village de Maskanah où ils combattent en ce moment les mercenaires de Daesh.
Deux jours après, le 25 mars, les États-Unis et compagnie avançaient 5 km de plus à l’est, jusqu’au croisement qui connecte la route Alep-Raqqa à la route Hama-Raqqa. Objectif: couper la seconde route par laquelle pourrait avancer l’armée syrienne vers Raqqa, venant du sud.
Durant ces derniers jours il y a eu une pluie d’attaque des «rebelles» terroristes à Hama et Damas qui, par conséquent, ont paralysé temporairement les avancées syriennes contre Daesh sur la route Alep-Raqqa. Ces avancées ont repris hier.
Avant-hier les EUA et compagnie ont avancé d’un kilomètre à l’Est pour occuper Tabqa, une grande base militaire de la Syrie (petit carré orange à l’est du croisement, dans la zone jaune, en bas de al-Thawrah), agissement ne laissant aucun doute quant à l’intention des EUA d’empêcher que l’armée syrienne s’approche de Raqqa. Je parie que dans les prochains jours ils étendront encore un peu plus leur zone de contrôle à l’est du croisement et de la base, juste pour garantir le blocage de l’armée syrienne. Et de cette manière, il ne reste que la troisième route Deir Ezzor-Raqqa, option sans intérêt puisqu’elle correspond à la «route de Daesh» et qu’il ne sera pas possible de l’emprunter de sitôt. Avant ça, il faudrait reconquérir l’étendue Palmyre-Deir Ezzor, ce qui n’est pas prévu pour l’instant, dû à la présence massive de Daesh à l’est de Palmyre. Donc, l’accès de l’armée d’al-Assad à Raqqa est techniquement coupé, à moins que dans les semaines qui viennent, quand l’armée syrienne arrivera au croisement fatidique volé par les américains, ceux-là se décident à attaquer ceux-ci. Et ils auraient les raisons et le droit de le faire mais, problème important, cette attaque signifierait une confrontation directe entre les militaires russes et les militaires étatsuniens. Vous voyez ce que ça donnerait, n’est-ce pas?
Et vous voyez de quelle façon perverse se déroule le terrorisme-colonisation en Syrie? Et vous voyez comment, pour les EUA, il est plus important d’empêcher que les syriens s’approchent de Raqqa que de libérer la population de Raqqa des mains de Daesh? Ahhhh, quelle libération? Quels principes humanistes? Quel altruisme? Quels droits de l’Homme? Quelle lutte contre le terrorisme? Bref…
Si par malheur l’impérialisme militaire des EUA réussit et qu’a lieu la création d’un Etat vassal étatsunien au nord-est syrien où se trouvent une bonne partie des réserves de gaz et de pétrole syriens, je propose ce drapeau pour cet infâme Etat fantoche en couverture de cet article:
Luís Garcia
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